Opération "École morte" à Chambéry le Haut

Jeudi 2 mai Chambéry - École Vert-bois 11:00

Le mardi 9 avril, la moitié des enseignant·es du REP+ de Chambéry le Haut était en grève pour dénoncer les nominations sur postes à profil, soumises à un entretien et un avis, qui déstabilisent les équipes, et obligent certain·es à quitter leur école.
Dans la foulée, les parents d’élèves du quartier ont décidé de soutenir l’action des enseignant·es en organisant une journée « École Morte » jeudi 2 mai.

C'est une mobilisation inédite qui s'est créée depuis le 9 avril, mobilisant toute la "communauté éducative" contre le management par les "postes à profil" dans l'éducation nationale.

Que s'est-il passé ? Une enseignante evra changer de poste à la rentrée scolaire. Depuis qu’elle le sait, elle est en arrêt maladie.

Cette maitresse d’école appréciée de ses collègues et des familles, enseignait depuis 20 ans à l’école maternelle Vert Bois.

Cette année, elle a dû passer un entretien pour rester sur son poste. En effet, elle a des élèves de grande section, et depuis 2021, les classes de GS de réseau d’éducation prioritaire sont dédoublées.

Des entretiens ont donc vu le jour, pour pouvoir accéder à ces classes dédoublées (les classes de CP, CE1 et GS).

Pourquoi ces classes sont-elles dédoublées ? En 2017, le gouvernement, avec Jean-Michel Blanquer comme ministre de l’éducation nationale, a décidé de dédoubler les classes de CP et CE1 pour favoriser l’apprentissage des « fondamentaux », notamment la lecture, dans les écoles du réseau d’éducation prioritaire (REP). En 2021, le dispositif a été étendu aux classes de grande section pour les mêmes raisons.

Qu’est-ce qu’un poste à profil, et quels sont ces entretiens ? Pour pouvoir enseigner en classes dédoublées en REP, il faut passer un entretien. Ce n’est cependant pas le cas dans toutes les académies : il s'agit de décisions locales. Toutes les personnes qui sont déjà en poste sur des classes de GS, CP, CE1 dédoublées dans les Hauts de Chambéry n’ont pas encore dû passer un entretien, mais cela se généralise.

Comment se déroule l’entretien, que se passe-t-il à son issue ? Il n’y a pas de grilles de critères pour préparer l’entretien. Cette année, des questions sur le « choc des savoirs » - ensemble de mesures dangereuses pour l'école - ont été posées aux enseignant.es. 

La connaissance des mesures institutionnelles ne donne aucun élément sur les compétences nécessaires pour faire réussir des élèves de quartiers défavorisés.

À l’issue de l’entretien -qui dure 15 minutes- un avis est émis par la commission. Cet avis ne tient pas compte de l’ancienneté de l’enseignant.e, ni de ses précédents rapports d’inspection.

En somme, le profilage des postes (donc la nécessité de passer un entretien) permet à’ l'administration de contrôler encore plus l’affectation des enseignant.es. L'institution a d’autres priorités que le bien-être, la stabilité et la qualité dur tavail des équipes pédagogiques. En bout de course, ce sont les conditions d’apprentissage et le bien-être des élèves qui en pâtissent.

Concrètement : les parents d'élèves ont bien mesuré les enjeux. Après des affichages avant les vacances de printemps (qui ont été enlevés à la demande de l'éducation nationale ! #pasdevagues) et un courrier pétition remis à l'inspecteur d'académie, des tracts ont été distribués en ce début de semaine à la sortie de toutes les écoles afin de réussir une opération "école morte" jeudi 2 mai (les parents ne mettent pas leurs enfants à l'école). Une déambulation est prévue, départ à 11h de l'école Vert-Bois.

Pourquoi poursuivre et amplifier la mobilisation ?

Le retrait du profilage des postes serait la plus grande victoire. Quelle qu'en soit l'issue, cette mobilisation forte, visible et inédite des parents avec les enseignant.es, permettra de:

-rendre visible la violence administrative subie,

-créer un rapport de force qui peut protéger contre de futures injustices,

-favoriser le dialogue parents et enseignant.es sur des problématiques plus politiques,

-obtenir des victoires importantes, grâce à l’alliance avec les parents, telles que davantage de moyens humains (remplaçants, AESH, psy scolaire, RASED…), le retrait des mesures « choc des savoirs », dangereuses pour la réussite de tous les élèves, etc.

Vive la lutte !


Publié le : 1 mai 2024 21:23
SHW