
Aujourd’hui comme hier…. Résistance !
Solidement ancré dans une vieille tradition de l'extrême droite, la réécriture de l'histoire à des fins révisionnistes est particulièrement prisée de Brice Bernard, conseiller régional RN et candidat à Chambéry lors des dernières législatives et futur candidat du parti d'extrême droite aux prochaines municipales.
Sans honte il est présent aux cérémonies et s'affiche sur ses réseaux sociaux, se prétendant un héritier de la France Libre et résistante ! Pourat c'est bien dans les bas-fonds de la collaboration qu'a été fondé en 1972 le FN dont le RN est aujourd'hui le nouveau nom. Et c'est encore au RN qu'on trouve encore aujourd'hui tout un tas de nostalgiques du IIIe Reich.
Militant·es syndicalistes et antifascistes nous dénonçons cette supercherie. Le RN est l'héritier politique et philosophique des pires ordures collaborationnistes qui pourchassèrent les résistant·es et combattirent jusqu'au bout aux côté des nazis.
Ce jeudi 8 mai à Chambéry nous seront présent·es pour rappeler le rôles bien souvent minoré des organisations ouvrières dans la Résistance et celui des héritiers et fondateurs du RN du côté collaborationniste.
L’extrême droite est en roue libre. Elle s’autorise tout, partout, avec la complaisance active d’une part grandissante de la bourgeoisie industrielle qui met ses moyens financiers, ses réseaux et ses médias à son service. Ses obsessions sont complaisamment reprises par les politiciens de la droite dite « républicaine » et de l’extrême centre 1 et semblent donner le la de l’agenda médiatico-politique. L’extrême droite gagnent tous les jours du terrain et n’hésite pas à réécrire l’histoire à sa sauce.
Le dernier avatar local de cette tendance est représenté en Savoie par Brice Bernard, conseiller régional RN, adepte de la quenelle 2 − popularisée par le triste clown antisémite Dieudonné −, qui est omniprésent aux célébrations en tout genre. En mai dernier il s’exhibait sans honte sur son compte Instagram au Clos Savoiroux aux cérémonies du 8 mai avec la légende suivante « Hommage aux soldats et résistants morts pour que la France reste libre » (Oui je sais ça pique!). Un mois plus tôt c’était depuis la Nécropole nationale des Glières que l’élu RN postait sans honte : « Hommage aux héros qui ont combattus et aux 129 martyrs tombés, pour la liberté de la France » 3.
Sans honte, Brice Bernard était présent ce dimanche 27 avril 2025 à la cérémonie du souvenir des victimes et héros de la déportation à Chambéry 4, lui l’héritier politique de ceux qui ont justement organisé la déportation en masse des Juifs et Juives, Tziganes, homosexuel·les, Résitant·es et toutes celles et ceux qui ne se soumettaient pas à à l’État français de Vichy et ses amis nazis. Nul doute qu’il sera à nouveau présent ce jeudi aux cérémonies officielles du 8 mai. Alors que sera célébré cette année les 80 ans de la chute du régime nazi il est inconcevable que nous ne soyons pas présent·es pour rappeler que le RN aujourd’hui, comme hier le FN, n’ont rien à faire dans ce type de célébration.
Le FN/RN, un parti créé dans les bas-fonds collaborationnistes
Petit rappel historique, aux côtés des troupes de la Wehrmacht engagées pour « nettoyer » le Plateau des Glières se trouvaient quelques 2.000 miliciens et gardes mobiles de réserve, supplétifs français des troupes du Reich. Pour rappel l’un des fondateurs de la Milice française n’est autre que Léon Gaultier, le même Léon Gaultier qui est présent en 1972 lors de la création du Front national. Il est également co-fondateur, avec un autre co-fondateur du Front national, un certain Jean-Marie Le Pen, de la maison d'éditions SERP (Société d'études et de relations publiques) qui publiera nombre de disques de discours de Joseph Goebbels ou Pierre Laval, mais aussi des chants nazis, des albums à la gloire des Jeunesses hitlériennes, etc.
Autre ancien milicien que l’on retrouve en 1972 à la création du Front national, François Brigneau. Ancien membre du Rassemblement national populaire (RNP), le parti collaborationniste d’inspiration fasciste de Marcel Déat, il s'engage dans la Milice à la suite du Débarquement en Normandie, engagement qu’il ne reniera jamais, il en « tire une certaine gloire » 5 ! Ancien compagnon de cellule de Robert Brasillach − il sera par la suite membre de l’Association des amis de Robert Brasillach −, il partage également avec lui un antisémitisme virulent qui lui vaudront plusieurs condamnation en justice notamment pour des articles parus dans National-Hebdo… le journal du Front national. National-Hebdo fondé en 1979 par Roland Goguillot, qui prendra le pseudonyme de Roland Gaucher, également co-fondateur du Front national, ancien responsable des Jeunesses nationales populaires, mouvement de jeunesse du Rassemblement national populaire (RNP). Il était de ceux qui trouvaient que le gouvernement de Vichy était trop tendre avec les résistant·es et lui demande, le 22 avril 1944, de « dresser des listes d'otages et des poteaux d'exécution » à un rythme plus soutenu ! 6
Mais tous n’ont pas un pedigree d’ancien milicien. Pierre Bousquet qui a déposé avec Jean-Marie Le Pen les statuts du Front national (Front national pour l'unité française dans son appellation première) est membre du Parti franciste dès le milieu des années 1930 et intègre en 1943 la Waffen-SS et au sein de la fameuse Division Charlemagne. Il sera du dernier quarteron qui défendra le IIIe Reich jusque dans les ruines de Berlin en mai 1945. Et au sortir de la Seconde guerre mondiale il continuera son activisme au sein de divers groupuscules (Jeune Nation, Europe-Action, …) et il sera surtout membre actif de la HIAG, l'association d’entraide mutuelle des anciens membres des Waffen-SS ! 7
Ou encore Victor Barthélemy, lui aussi membre du PPF de Doriot dont il fut le représentant auprès de l’éphémère République sociale italienne plus couramment appelée République de Salò (salauds !), s’il n’est pas pour sa part un ancien milicien, il est l’un des fondateur de la LVF, Légion des volontaires français contre le bolchevisme, unité de combattants français sous l’uniforme de la Wehrmacht. Après la guerre il s’enragera dans le mouvement néofasciste européen Mouvement social européen de Maurice Bardèche, il participe, comme Jean-Marie Le Pen à la campagne du candidat d’extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour lors de l’élection présidentielle de 1965 et on le retrouve tout naturellement en 1972, auprès du même Le Pen, à la création du Front national.
Ce même Jean-Marie Le Pen qui, Lieutenant engagé volontaire en Algérie, arborait un poignard du type de ceux utilisés par les Jeunesse hitlériennes… sans doute un hasard.
Des candidat·es nostalgiques du IIIe Reich
Le Front national s’est donc constitué dans les bas-fonds de la collaboration la plus crasse et la plus active. De l’histoire ancienne nous dira-t-on. Pas certain. D’une part les dirigeants actuels du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella en tête, n’ont jamais renié ou remis en question cet héritage. D’autre part le travail fait par quelques rédactions, et notamment StreetPress, Libération ou Médiapart lors de la campagnes des dernières élections législatives, a permis de mesurer à quel point cet héritage est toujours structurant. Petit florilège non exhaustif !
Andrea Orabona (suppléant - 2e circonscription des Alpes-Maritimes) a « liké » un « hommage au maréchal Pétain » et la page du « Front des patriotes », qui célèbre le suprémacisme blanc.
Philippe Arbona (suppléant - 2e circonscription de l’Aube) poste en 2020 des tracts de l’organisation néofasciste Ordre nouveau, organisation à l’origine de la création du Front national et dissoute en 1973 pour faits de violence, et commentait du fameux slogan : «Aujourd’hui l’anarchie, demain l’ordre nouveau». Pour rappel le nom d’Ordre nouveau fait directement référence à la doctrine nazie du Neuordnung (ou Neuordnung Europas, Ordre nouveau pour l’Europe), la réorganisation planifiée de l’Europe selon des critères raciaux.
Ludivine Daoudi (candidate - 1ère circonscription du Calvados), membre du pétainiste Parti de la France dont le secrétaire général, Bruno Hirout, publiait en 2024 une photographie de lui lors d'un barbecue devant une bonbonne étiquetée « Zyklon B » 8, utilisé dans les chambres à gaz par les nazis. Dans la ligne (extrême) droite la candidate pose elle avec une casquette de sous-officier nazi de la Luftwaffe orné d’une croix gammée 9.
Philippe Chapron (candidat – 5e circonscription du Calvados), ancien membre d’Ordre nouveau, du GUD et du DPS (Département protection sécurité) service d'ordre hier du Front national, aujourd’hui du Rassemblement national (qui ferait également office de service de renseignement interne). Il est cité dans le rapport fait au nom de la Commission d’enquête parlementaire « sur les agissements, l'organisation, le fonctionnement, les objectifs du groupement de fait dit " Département Protection Sécurité " et les soutiens dont il bénéficierait » où il émarge dans la catégorie « profil néo-nazi » 10.
Jérôme Carbriand (Candidat - 4e circonscription de l’Essonne). De 2012 à 2014, le candidat RN a alimenté un blog qui transpire les années 30. « Les descendants des Aryens, eux possèdent un génie pour le courage », y écrit-il notamment en fustigeant les « pédéraste » et les « juifs nomades ». « Dans un monde de plus en plus caricatural, où les pensées sont souvent raccourcies, je n’ai pas jugé utile de conserver des articles aussi complexes », a-t-il déclaré à L’Humanité, pour justifier la suppression de son site.
Des collaborateurs nostalgiques de la Collaboration
Du côté des collaborateurs et collaboratrices des député·es élu·es un article du Monde puis une enquête de StreetPress confirme que la nostalgie pour Vichy, la Collaboration et le IIIe Reich continue à influer les membres du parti malgré les discours officiels. Deux exemples parmi d’autres :
Thomas Pamart, conseiller municipal d’opposition (RN) à Boulogne qui utilise sur les réseaux sociaux le pseudo « Schwarze Sonne » (soleil noir), selon-lui, juste une référence à l’une des chansons du groupe de métal allemand E Nomine 11. C’est aussi au passage le nom allemand du symbole nazi du soleil noir, « créé par les SS Heinrich Himmler et Karl Maria Wiligut (…) composé de trois svastikas enlacées ou de 12 runes » 12. Malgré ça il est recruté par le nouvellement élu Antoine Golliot (5e circonscription du Pas-de-Calais) l’a recruté dans son équipe dès son élection (il était déjà son suppléant pour ces élections législatives) 13.
Andrea Orabona. collaborateur parlementaire de Lionel Tivoli (2e circonscription des Alpes-Maritimes), « like » sur Facebook un « hommage au maréchal Pétain » et une page « Front patriotes » qui célèbre le suprémacisme blanc 14.
Notre Résistance était antifasciste… elle l’est toujours !
La présence du RN aux célébrations du 80e anniversaire de la victoire contre l’Allemagne nazie serait une insulte aux combattant·es et aux résistant·es qui ont lutté contre l’occupant nazi et ses sbires miliciens bras armé du régime de Vichy toujours chéri par l’extrême droite.
Aujourd’hui comme hier le combat antifasciste s’impose face au racisme, à l’antisémitisme, à l’autoritarisme qui gagne chaque jour davantage de terrain. L’antifascisme est un devoir face aux sacrifices de celles et ceux qui ont lutté les armes à la main quand il le fallait, celles et ceux et sont tombé·es hier sous les coups de la Gestapo, les Waffen-SS, de la Milice,… et ceux de nos camarades tombés sous les coups de naziskins ou de militants néofascistes : Clément, Brahim, Federico Martín, Ibrahim. Leur combat est le notre et nous oblige.
Nous seront présent·es, militants et militantes syndicales, antifascistes, politiques, associatives pour rappeler la part prise par les forces de gauches dans l’organisation de la Résistance, et ce depuis les tout premiers jours de Vichy, et pour certain·es dès les années 1920 ou 1930 en Italie, en Allemagne et en Espagne.
Nous militant·es syndicalistes et antifascistes appelons notre camp social à se mobiliser :
à se rassembler le 8 mai 2025 à Chambéry au Clos Savoiroux pour rappeler que origines populaires et prolétaires de nombreux et nombreuses résistant·es et partisan·nes ;
à être présent·es en nombre au rassemblement des Glières les 30, 31 mai et le 1er juin à Thorens-Glières 15
Partout, tout le temps :
NE PAS LAISSER DIRE !
NE PAS LAISSER FAIRE !
JAMAIS SE TAIRE !
Le 8 mai 2025
VISA 73
1 Sur la notion d’extrême centre on pourra lire la très bonne étude de Pierre Serna, L'Extrême Centre ou le poison français : 1789-2019, Seyssel, éditions Champ Vallon, 2019. Concernant les responsabilités des politiciens d’extrême centre dans la prise de pouvoir du parti nazi en 1933 en Allemagne lire l’ouvrage de Johann Chapoutot, Les irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ?, Gallimard, 2025.
2 StreetPress, « Brice Bernard, le candidat RN qui aime la quenelle »
3 https://www.instagram.com/p/C6taGWSMEu1/?img_index=1 et https://www.instagram.com/p/C6tWmtXso7I/?img_index=1 (Attention ça pique les yeux !)
4 https://www.instagram.com/p/DI8ix0EMhez/?img_index=1 (ça pique encore !)
5 Le Monde, « Le Front NATIONAL VINGT ANS APRÈS. Le petit monde de la presse " amie " »
6 Le Monde, « Roland Gaucher »
7 Nicolas Lebourg, « 50 ans du FN-RN : l’histoire secrète du Waffen-SS qui déposa les premiers statuts du parti » sur Médiapart.
8 Ouest-France, « Photo nauséabonde d'un nationaliste »
9 Libération, « Législatives 2024 dans le Calvados : la candidate RN qui posait avec une casquette de l’armée nazie débranchée »
10 Assemblée nationale, « Rapport fait au nom de la Commission d’enquête parlementaire « sur les agissements, l'organisation, le fonctionnement, les objectifs du groupement de fait dit " Département Protection Sécurité " et les soutiens dont il bénéficierait », tome II, 26 mai 1999.
11 La Voix du Nord, « Boulogne : le pseudo discutable d’un opposant RN fait bondir le maire »
12 Indextrême, Soleil Noir
13 Le Monde, « Les profils singuliers des assistants parlementaires du Rassemblement national »
14 StreetPress, « Assistants parlementaires du RN : la galerie des horreurs »
15 Toutes les infos sur le site des Citoyen.ne.s Résistant.e.s d’Hier et d’Aujourd’hui
Publié le : 8 mai 2025 12:49
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