L'Observatoire de la Cisticole contre l’extension de Technolac

Samedi 20 septembre, un groupe de militants a construit un Observatoire de la biodiversité sur des terres convoitées par le projet d'extension de Technolac. L’objectif ? Inviter la population à investir le site et ré-affirmer la détermination des opposants face à ce projet dévastateur, tout en invitant à s'émerveiller de la nature présente.

Contre ce projet qui implique d’artificialiser des zones humides et des terres agricoles, le "Collectif pour un projet agricole à Technolac" (CPAT), les "Naturalistes des Terres" et "Extinction Rebellion" ont invité les participant.es. au coeur du site.

La journée s’est déroulée entre observation de la biodiversité, réflexions sur le futur de ces terres et chantier participatif engagé.

Contexte du projet

La cluse de Chambéry, anciennement composée de marais, était couverte de terres maraîchères. C'était aussi le cas de cette zone au sud du Lac du Bourget où se situe aujourd'hui le technopôle appelé Technolac. (Pour plus de détails à ce sujet nous vous invitons à lire le communiqué "Leysse la tranquille" https://mrmondialisation.org/collectif-protection-zones-humides-agricoles-savoie/ et à fouiller dans les musées et archives chambériennes.) Depuis plusieurs décennies, 70 hectares de terres ont été grignotées ici par Technolac en dépit de leur caractère humide. Celui-ci s’étend vers le sud et referme petit à petit la cluse. 

Aujourd'hui le projet d’extension de ce site voudrait supprimer 21 hectares des dernières terres agricoles et zones humides situées entre lui et la zone d’activités économiques de Voglans, en créant ce qu’on pourrait appeler une « trame grise », c’est-à-dire une zone totalement artificialisée allant de Chambéry jusqu’au Bourget du Lac.

Certes, nous nous situons sur des terres malmenées par l’assèchement des marais et par l’agriculture intensive. Ces milieux sont donc souvent déclarés « stériles » par les promoteurs du projet. Pourtant, malgré les équipements pour capter, drainer et maîtriser l’eau, ce milieu conserve toujours une partie de son caractère humide. Ils constitue encore des habitats très particuliers qui abritent des cortèges d’espèces adaptées et irremplaçables et il a une capacité d’hospitalité pour la biodiversité... à condition de les considérer et qu’on le « Leysse tranquille » !

La lutte contre ce projet

Contre une situation aussi alarmante, nous avons décidé en tant que militant.es et naturalistes de faire ce que nous savons faire : prendre la défense des milieux et des espèces sauvages.

En 2024 nous avons investi le site des promoteurs CGLE (Chambery Grand Lac Economie), et avons posé un geste d'agradation (inverse de dégradation) du milieu en y créant une mare sur une zone particulièrement humide. Nous revendiquions la mise en défense de ces terres et l’installation et le développement d’une agriculture qui compose en alliance avec le vivant.

Aujourd'hui nous étions de retour pour continuer à appuyer cette revendication. Nous avons construit, proche de la digue, un observatoire de la biodiversité: l'Observatoire de la Cisticole. 

Nous nous inspirons de la Cisticole pour lutter à ses côtés: Cet oiseau a été observé au printemps, chantant au dessus de la mare. Fine et très menue fauvette des friches, elle vit souvent à proximité des zones humides. Son nid est très délicatement tissé dans les herbes, à l'aide de toiles d'araignées. Comme beaucoup de boules de plumes de sa famille, c'est une pile électrique, toujours sur le qui-vive. Son chant têtu est à l'image de son obstination à enchanter les marges incultes des champs. Bravement perchée sur sa tige, ou le plus souvent à plusieurs mètres au-dessus de son océan, elle est l'image modeste du courage. Il en faut pour naître et grandir entre les herbes, et on dit que les oisillons éloignent les prédateurs en imitant les sifflements des serpents. Elle sait aussi se faire discrète en attendant l'heure de sa gloire : sédentaire ou presque, elle tient le terrain au cœur de l'hiver, pour réveiller le ciel au premier printemps. Une lutteuse, la cisticole, une lutteuse de huit grammes. 

Comment participer?

Accessible depuis la digue, l'Observatoire de la Cisticole est un espace d'accueil de toute personne curieuse: des naturalistes amateurs ou professionnels comme des familles qui font leur promenade ou encore les joggeurs ayant besoin d'une pause. 

Nous invitons donc la population à venir, ne serait-ce que quelques instants, pour regarder à travers ses fenêtres (dit "meurtrières") ce site et ses habitants non-humains. 

Nous appelons aussi les personnes qui le peuvent à recenser la biodiversité qu'elles y observent. L'étude d'impact légitimant ce projet est certainement incomplète. Nous prévoyons donc d'augmenter la pression d'observation et de mener des contre-inventaires pour enfin faire connaitre et reconnaitre la biodiversité qui s'y trouve. Alors faisons des matinées, des après-midis ou des nuits d'observation, en groupe ou seul.es: alimentons les bases de données naturalistes (INaturalist ou autres bases opendata, et si vous trouvez des dingueries signalez nous aux adresses mail ci-dessous).

Nous appelons les Associations de Protection de la Nature et de l'Environnement à nous rejoindre pour investir cet espace et pour faire entendre sa voix.

Enfin, nous demandons à CGLE (Chambéry Grand Lac Economie) une réelle gestion concertée et éclairée de l’usage de notre patrimoine écologique et agraire avec comme priorité la préservation des milieux humides et terres agricoles. 

Ces terres sont aussi chez nous. 

On restra là et on continura à observer ce qu'il s'y passe !

Nous continuerons à mettre nos savoirs naturalistes et bricoleurs au service des luttes territoriales pour alimenter leur diversité, leur puissance joyeuse et revitalisante, leur rôle décisif dans la construction de communs, entre humains et avec le reste du vivant.

naturalistedtr.alpes@espiv.net ; collectifagricoletechnolac@proton.me ; chambery@extinctionrebellion.fr


Publié le : 4 novembre 2025 08:08
NaturalisteDTR_Alpes