Trois jours de lutte, de culture et de solidarité : retour sur le village de la lutte palestinienne

Dans un contexte marqué par la répression politique, la criminalisation croissante de la solidarité avec le peuple palestinien, et tout particulièrement l'annonce de la volonté du gouvernement de dissoudre Urgence Palestine, le village de la lutte palestinienne s’est tenu du 2 au 4 mai comme un acte fort de résistance, de fraternité et de clarté politique. Cet événement, nous a rappelé en premier lieu l’urgence de la situation en Palestine plus que jamais actuelle, mais aussi, la nature et la portée de notre engagement collectif pour la justice et la liberté, et enfin la force des liens fraternels et solides qui nous unissent, bien au-delà des circonstances, dans une solidarité vivante et indissoluble.

Un événement politique, collectif et culturel

Le village a été un espace profondément politique, pensé pour raviver nos perspectives de lutte et tenir notre promesse : celle de continuer à nous battre jusqu’à la libération.

Il a également été une occasion de se rassembler avec des collectifs et des organisations alliées venus partager leurs analyses, leurs actions, affirmer concrètement leur solidarité avec la lutte du peuple palestinien ainsi que renforcer les liens entre nos luttes communes. 

Mais c’était bien plus qu’un simple rassemblement militant : le village était un événement local, vivant, populaire et familial. Un lieu ouvert à toutes et tous, convivial et familial, avec un stand enfants, des repas partagés et des instants de joie collective. On y venait en famille, entre camarades, et on y croisait toutes les générations.

En parallèle, il s'agissait aussi d'un événement culturel, avec une volonté claire, celle de mettre à l'honneur la richesse de la culture palestinienne et des luttes anticolonialistes. Le village a vibré au rythme de la culture palestinienne : une initiation collective au dabkeh a permis de faire découvrir aux participants une danse traditionnelle palestinienne, un concert de musiques palestiniennes et de chants de lutte, une exposition de photos mêlant archives et photos actuelles pour rendre hommage aux résistances d'hier et d'aujourd'hui, des stands de henné tenu par des bénévoles pour récolter des dons pour gaza, mais aussi un stand de maquillage artistique, tenu par une équipe de Tsedek.

Trois jours de luttes, de mémoire et de perspectives

Pendant trois jours, le village a été rythmé par un programme dense de conférences, de tables rondes et de rencontres, avec un fil rouge, celui de mobiliser, faire converger, et de construire ensemble des perspectives communes.

Vendredi : Jeunesse, antiracisme et anticolonialisme

La journée du vendredi a été pensée comme un espace dédié à la jeunesse organisé autour de deux tables rondes.

La première, table ronde intitulée : « La Palestine, notre boussole anticolonialiste et antiraciste » évoquait la place centrale de la Palestine dans les luttes contre l'extrême droite et le fascisme. La seconde conférence était spécifique à la mobilisation d'une jeunesse faisant partie d'une génération marquant la fin du temps des colonies, et qui refuse l’ordre colonial et les silences complices. 

Samedi – Résister, soigner, transmettre : lutte de liberation de la Palestine et heritage de l'immigration post coloniale : 

Ensuite, la journée du samedi a été marquée par un programme dense et une grande richesse de thématique.

La matinée a été ouverte par une conférence sur le droit au retour, une date importante notamment à l'approche du 17 mai date de commémoration de la nakbah. Elle a été suivie d’un échange bouleversant sur les conséquences psychiques du génocide en cours à Gaza, ainsi que sur la nécessité de prendre soin les un·es des autres, et de faire place à la parole, à la vulnérabilité et au soin comme conditions de résistance. L’après-midi cette table ronde « La résistance pour la décolonisation » a permis de réunir des militant·es palestinien·nes, dont Salah Hamouri, ex-prisonniers des geôles israéliennes ainsi que des allié·es anticolonialistes tel. Ensemble, ils ont évoqué la question les enjeux des résistances à la colonisation. Cette discussion a permis de replacer la lutte palestinienne dans l’histoire longue des luttes décoloniales. Cette reflexion a été poursuivie le reste de la journée avec deux moments forts : un échange sur l'islamophobie considérée comme un des rouages du système colonial global, une table ronde organisée par le Front décolonial sur le continuum colonial de la Palestine aux banlieues en passant par les territoires d'outre-mer ; on fait ressortir, de manière évidente, la convergence entre la cause palestinienne et des luttes menées ici, par les héritier·es de l’immigration postcoloniale, contre le racisme systémique, les violences policières, les politiques de stigmatisation. Nous rappelant ainsi que la Palestine est une boussole, car sa libération permet aussi d'avancer sur le chemin de notre émancipation à toutes et tous. 

Dimanche – Terre, écologie, bilan et projections

Enfin, le dimanche, la matinée a été consacrée à une réflexion sur le rapport à la terre dans la colonialité, une discussion menée par Omar Alsoumi, paysan et porte parole d'urgence Palestine, ainsi que le collectif écologiste les soulèvements de la terre.

Et pour clore la journée, une dernière table ronde « Victoires, nos mobilisations et les suites », a permis de dresser un bilan sincère sur nos obstacles, et nos victoires, et surtout de poser les bases de ce qu’il reste encore à construire.

Le village d'une cause juste, belle, résiliente et solide : 

Ce week-end a été bien plus qu’un simple rendez-vous : il a été un acte politique.
Un acte de mobilisation, de transmission, d’unité et d’espoir, face à l’urgence palestinienne et à la répression ici. Le village de la lutte palestinienne a démontré que nos luttes, nos engagements communs et la solidarité qui les entoure non seulement existent, mais qu’elles sont vivantes, organisées, joyeuses, déterminées, et qu’elles auront un avenir. 

Remerciement : Merci à vous tous

Enfin, un immense merci.
À toutes celles et ceux qui ont rendu ce village possible.

Avant tout, merci aux bénévoles, sans qui rien n’aurait été possible : vous avez offert de votre temps, de votre énergie, de votre cœur, que ce soit pour la logistique, la cuisine, l’accueil, l’organisation, et mille autres choses invisibles mais indispensables. C’est vous qui avez fait tenir ce village.

Merci à toutes les intervenantes et intervenants, pour la richesse de leurs paroles, leur engagement, et leur fidélité à la cause.

Merci aux organisations alliées venues tenir des stands, partager leurs luttes, tisser des liens essentiels : vous avez œuvré avec nous à donner à ce village sa force politique, son caractère collectif. Mention spéciale pour nos partenaires, Les bâtisseurs d’espoire, la CGT, qui nous ont apporté leur soutien matériel, leur confiance, leur volonté de nous accompagner.

Merci aussi aux commerçants qui ont fait des dons, pour leur générosité : leur aide a grandement faciliter l'organisation de ce village. 

Merci enfin à vous, toutes celles et tous ceux qui êtes venus, parfois de loin, avec votre famille, vos enfants, vos questions, vos convictions. Vous avez fait vivre le village. Vous avez fait de cet espace un lieu d’espoir, de résistance, de solidarité vivante.

Ce que nous avons construit ensemble, aucun décret ne pourra le dissoudre.
Signons et partageons la petition contre la dissolution d'Urgence Palestine

Le village de la lutte palestinienne a constitué bien davantage qu’un événement. Il a révélé la force de la solidarité, l’étendue des engagements, et surtout la nécessité de faire front commun contre la répression.

Dans un contexte où l’Etat tente de faire taire les voix palestiniennes en voulant dissoudre Urgence Palestine, ce village nous a rappeler que le silence n'était pas une option, et qu'il fallait faire front.

Face à la volonté de dissoudre Urgence Palestine, faisons front afin que ce type d’espace existe encore demain signons et partageons la pétition contre la dissolution d'Urgence Palestine :

https://framaforms.org/contre-le-genocide-pour-une-palestine-libre-non-a-la-dissolution-durgence-palestine-1746161697

La lutte se vit, se construit, se défend.


Publié le : 13 mai 2025 21:43
Urgence Palestine