L’industrie du ski n’exploite pas que l’environnement

Lorsqu’on évoque l’industrie du ski, très souvent son insoutenabilité écologique est mise en avant, à juste titre. Mais cette vision est trop restrictive et mène à une impasse puisqu’elle ne prend pas en compte les réalités de toutes les personnes dépendantes de l’industrie du ski.
Il ne s’agit pas ici d’expliquer en quoi la lutte écologiste bénéficie à tout le monde, et donc pourquoi elle devrait être rejointe de toustes. Il s’agit de s’intéresser sincèrement aux revendications d’autres personnes, afin de construire un dialogue et d’imaginer un avenir réellement désirable : Nous ne voulons pas d’une Tarentaise où le tourisme « vert » exploite toujours dans des conditions déplorables une frange de la population et profite aux plus riches.

Nous ne voulons pas être un lieu de refuge pour les riches en plein changement climatique.

Lorsqu’on évoque l’industrie du ski, très souvent son insoutenabilité écologique est mise en avant, à juste titre. Mais cette vision est trop restrictive et mène à une impasse puisqu’elle ne prend pas en compte les réalités de toutes les personnes dépendantes de l’industrie du ski.

Il ne s’agit pas ici d’expliquer en quoi la lutte écologiste bénéficie à tout le monde, et donc pourquoi elle devrait être rejointe de toustes. Il s’agit de s’intéresser sincèrement aux revendications d’autres personnes, afin de construire un dialogue et d’imaginer un avenir réellement désirable : Nous ne voulons pas d’une Tarentaise où le tourisme « vert » exploite toujours dans des conditions déplorables une frange de la population et profite aux plus riches.

Nous ne voulons pas être un lieu de refuge pour les riches en plein changement climatique. Pour cela, nous devons nous attarder sur le fonctionnement du système ski dans son ensemble. Ceci n’est qu’une introduction à une réflexion que nous souhaitons mener sur le long terme. Si vous souhaitez y contribuer, ou que vous connaissez des personnes souhaitant y contribuer (travailleur.euses, syndicats, paysan.nes, individus…) n’hésitez pas à nous contacter;

Ça n’est un secret pour personne, une part importante de l’économie de notre vallée tourne autour de la distraction des plus riches de France et de la grande bourgeoisie internationale :

  • 62% des emplois privés en Tarentaise en 2022 étaient liés au tourisme (cela n’inclue donc pas les emplois public (mairie, office de tourisme, soin…)) [1]
  • Une journée au ski coûte en moyenne 117 euros, mais ce chiffre n’étant qu’une moyenne, on peut imaginer les sommes dépenser par les plus riches [2]
  • Moins de 10% des Français vont au ski [3]
  • La clientèle en Tarentaise est constitué à plus ou moins 50% (selon les années) d’une clientèle étrangère, elle-même à 67% constituée d’Européens, le reste venant de pays très variés et n’étant que les élites économiques de ces pays. [4]


Les vacances au ski sont donc avant tout des vacances pour les bourgeois.es, qui en enrichissent d’autres. 
Et non, contrairement à ce que beaucoup aiment dire, le ski n’est pas la manne financière idéale pour toute la vallée : Une part importante de la population, invisibilisée et reléguée en fond de vallée ou dans des hameaux isolés ne bénéficie pas de ces revenus :

  • En octobre 2023, la communauté de commune cœur de Tarentaise était celle avec le plus haut taux de pauvreté en Savoie (15,4%), celle de Haute-Tarentaise s’en sortait à peine mieux (11,4%) [5]
  • En 2024, parmi les 5 communes les plus pauvres de Savoie, on retrouvait Moutiers, Albertville et La Léchère et 7 des 10 villes les plus pauvres de Savoie sont en Tarentaise. [6]
  • Ces chiffres n’incluent pas les saisonniers ne résidant pas à l’année en Tarentaise et étant souvent les plus précaires. Trop souvent, la distinction locaux/non locaux mène à oublier une partie des conséquences économiques du système ski.

 

Pour permettre à cette industrie de tourner, une classe exploitée est donc créée. Elle est constituée de travailleur.euses saisonnier.ères :

  • On en compte 120 000 en 2022 (1 emploi sur 5 en Tarentaise est saisonnier [7]) dont plus de la moitié travaille plus de 40h par semaine et dont seul 11% a accès à un CDI, le reste n’ayant que des contrats précaires (interims, CDD…). Le tout, avec un salaire équivalent au SMIC et des droits du travail trop souvent piétinés (horaires, heures sup non payées, conditions climatiques difficiles…). [8]
  • Plus difficilement mesurable, un partie des saisonnier.ères est employée de manière dissimulée, donc sans protection sociale. Elle est notamment constituée de travailleur.euses immigré.es et de jeunes de la vallée, souvent mineurs réalisant les ménages, travaillant dans des restaurant d’altitude ou participant durant l’intersaison à la construction et la rénovation des logements touristiques. [9]

 

Ce rapport de classe se vit aussi par l’appropriation de la terre, que l’on peut considérer en Tarentaise comme l’un des deux principaux moyens de production (les usines et industries présentes en fond de vallée étant le deuxième moyen de production le plus important).

Si le récit dominant consiste à dire que le ski a sorti la Tarentaise de la pauvreté, il est à nuancer : L’arrivée du ski a permis de quitter une ère de subsistance agricole en Tarentaise, effectivement caractérisée par un niveau de vie bas et des périodes de privation. Mais actuellement, une petite partie de la population s’enrichit grandement, pendant qu’une classe moyenne se forme, faisant oublier les abandonnés du système (souvent installés dans la vallée depuis moins longtemps) : la classe travaillant vivant plus bas en altitude ou vivant temporairement en Tarentaise le temps des saisons et n’ayant pas accès au logement, faute de moyen.

Il est donc nécessaire de penser une intégration de ces sujets lorsque l’on parle de mobilisation dans nos vallées. Il est nécessaire de penser à la fois la défense des droits de ces travailleurs.euses, à leur avenir si l’industrie du ski s’arrête, mais surtout d’ouvrir un champ de réflexion sur des moyens d’appropriation et de gestion de ces moyens de production localement pour qu’ils n’appartiennent plus uniquement à une élite économique locale.

Nous ouvrons par ce premier post une série de posts visant à alimenter le débat pour que nos mobilisations ne se limitent pas à des seuls argumentaires écologiques mais intègrent réellement d’autres problématiques. Nous voulons aussi permettre la visibilisation de personnes directement concerné.es pour qu’elles puissent évoquer leur réalité. Si vous souhaitez témoigner, ou apporter votre voix au débat, que vous soyez une personne, une organisation ou un syndicat, vous pouvez nous contacter !


file/Ça_nest_un_secret_pour_personne_une_part_importante_de_léconomie_de_notre_vallée_to_FZF9jt0.pdf


Publié le : 6 mai 2025 20:10
Tarentaise Citoyenne