TDOR 2024
Mercredi 20 novembre, s'est tenu à Chambéry un rassemblement pour la journée du souvenir trans qui a réuni une trentaine de personnes. Notre collectif a lu le texte qui suit a cette occasion :
Nous sommes réuni·e·s ce soir à l’occasion de la journée du souvenir trans. Cette journée a lieu depuis 1999, à la suite du meurtre de Rita Hester, une femme trans, travailleuse du sexe et afro-américaine survenu le 28 novembre 1998.
Le TDoR est l’occasion de visibiliser les violences subies par la communauté trans, chose que les médias actuels ne font pas. Cette journée nous permet d’honorer publiquement la vie de nos frères, sœurs et adelphes, afin qu’iels ne tombent pas dans l’oubli. C’est un moyen de résister à l’indifférence et à la haine nationale. Il s’agit aussi de rappeler aux personne cisgenres que nous sommes leurs enfants, leur parent·e·s, leurs ami·e·s et leur·s amant·e·s, et de donner à nos allié·e·s l’occasion de se présenter à nous et de veiller sur nos mort·e·s.
En 2024, c'est 350 personnes tuées dans le monde, soit 39 de plus que l'année précédente, recensées par le projet Trans Murder Monitoring. 94% de ces cas étaient des transféminicides, et 93% des personnes noires. 46% étaient des TDS.
Il est important de noter que le contexte actuel est une cause majeure de l’augmentation et de la normalisation du déchaînement, de la haine et des crimes envers les personnes trans, notamment les femmes racisées.
Ce contexte, c'est une violence quotidienne envers les personnes trans, sexiste, homophobe, classiste et raciste : discriminations, moqueries, insultes, maltraitances, agressions, viols, précarité, isolement social, violences d’État, et violences policières. Ces violences, présentes dans toutes les sphères de la société comme au travail, dans l'accès au logement, à la santé, mais aussi en privé au sein de la famille. Ces violences, qui s'accentuent ces dernières années entre les attaques de TERF et les propositions de loi transphobes en France et dans le reste du monde, marginalisent les personnes trans les poussant au suicide et les rendant plus vulnérables aux crimes de haine comme les assassinats.
Alors, ce soir je ne pourrais pas citer toustes celleux qui nous ont quitter mais :
Ce soir, je voudrais mentionner les dizaines de travailleuses du sexe agressées au bois de Boulogne depuis tant d’années.
Je voudrais mentionner cette femme trans et travailleuse du sexe, fauchée par un automobiliste après avoir refuser de monter dans sa voiture en mai dernier.
Je voudrais mentionner cette autre femme, travailleuse du sexe aussi, agressée dans son appartement le 28 juin et laissée pour morte.
Ce soir, je voudrais parler d’Angelina, une femme trans de 55 ans, qui a été tuée le 5 juillet 2024 à coups de hache par son compagnon.
Je voudrais parler de Géraldine, 30 ans, travailleuse du sexe et immigrée. Elle est morte le 9 juillet 2024, poignardée par un de ses clients, qui a affirmé avoir été trompé en découvrant la transidentité de l’escort. Ce phénomène, appelé aux Etats-Unis la "trans panic defense", est un narratif classique des transféminicides. Cette soi-disant panique ne survient pourtant pas lors de la supposée révélation de la transidentité de la victime, mais généralement après un acte sexuel et révèle alors toute la transphobie de l'agresseur.
Je voudrais parler de Kesaria, blogueuse, actrice et mannequin trans géorgienne, assassinée le 18 septembre dans son appartement. Elle était la première personnalité Géorgienne à se déclarer ouvertement trans, et est devenue une figure de la lutte pour les droits des minorités de genre en Géorgie. Son meurtre survient le lendemain de l’adoption d’une loi anti-LGBT par le Parlement géorgien, dominé par le parti conservateur du pays.
Je voudrais que l’on oubli pas Nata Talikishvili, militante trans Géorgienne, attaquée le 20 octobre à coups de brique, un mois seulement après le meurtre de Kesaria.
Je voudrais parler de Dime Doe, assassinée par Daqua Ritter en 2019 en Caroline du Sud.
Et puis je voudrais vous parler de Quanesha Shantel, Santonio Coleman, Honee Daniels, Kassim Omar, Red, Vanity Williams, Tai'Vion Lathan, Dylan Gurley, Monique Brooks, Kenji Spurgeon, Shannon Boswell, Pauly Likens, Liara Tsai, Jazlynn Johnson, Yella Clark, Michelle Henry, Tayy Dior Thomas, Reyna Hernandez, Kita Bee, Starr Brown, Sasha Williams, Andrea Doria Dos Passos, River Goddard, Tee Harnold, Africa Parilla Garcia, Meraxes Medina, Alex Taylor Franco, Diamond Brigman, Righteous TK Hill, Kitty Monroe, et toutes nos soeurs, nos frères et nos adelphes anonymes .
Publié le : 4 décembre 2024 18:04
Tarlouz7312